[MàJ] : Certains articles semblent me donner raison (même s’ils sont fictifs pour le moment) : Google pourrait racheter la Grèce @ 20minutes.fr
Jacques Attali en avait parlé, Bernard Werber aussi : les prochains états seront des états-marque, en concurrence avec les « vrais » états territoriaux (bien que les états-marque puissent aussi posséder un petit lopin de Terre).
- Parce que eux sont rentables ;
- Parce que eux sont sexys ;
- Parce que eux sont modernes;
Et surtout parce que les Etats historiques croulent sous une dette, une poussière, une corruption (plus ou moins visible – mais le tous pourris – est bel et bien dans la tête de chacun)…
Le premier qui me vient aujourd’hui, et qui pourrait poindre le bout de son drapeau à pas si long terme que cela, du fait se son monopole sur une partie des sujets du Web, mais aussi de la vie quotidienne, c’est Google.
Cela semble farfelu, mais essayez d’imaginer un peu. Projetons-nous…
Google vient de lancer un outil : Government requests qui lui permet de défier les états, en mettant en avant les « méchants » et donc en se positionnant comme « gentil ». Et défier les états, ça a été fait en Chine par exemple, au nom de valeurs et en prenant le risque (mesuré) de se fermer à un marché pourtant supérieur à un milliard d’individus.
S’il y a de la stratégie business derrière, c’est indéniablement aussi un acte politique.
Une marque qui pèse plusieurs millards de dollars, qui pose des choix politiques, qui est capable de discuter d’égal à égal avec les différents Etats, qui fait peur à certains (Etats compris – cf. les poursuites en France ou en Italie par exemple) mais dont on sait qu’on ne pourra plus faire sans lui (pour numériser des livres par exemple, comme on produit des jouets en Chine ou des polos au Maghreb)…
Les Googlers (employés de Google) existent, et peuvent dès aujourd’hui, sous réserve d’être choisis et embauchés (donc d’être les meilleurs) :
- Travailler à 80% de leur temps pour Google
- Travailler aux sujets qui les intéressent pour les 20% restant ;
- Faire du sport gratuitement ;
- Manger gratuitement ;
- Se divertir gratuitement ;
En plus de ça, Google investi aujourd’hui dans des sujets parfois très éloignés de son activité principale :
- la télé (GoogleBox) ;
- la fibre optique (Google Fiber for Community) ;
- l’électricité (Google Energy) ;
En plus de cela, tout-un chacun peut, grâce à Google, et quasi gratuitement :
- payer :
- communiquer :
- téléphoner :
- Android ;
- s’organiser :
- Google Calendar ;
- GTask ;
- travailler :
- se divertir :
Je ne sais si Google le fait, mais bon nombre d’entreprises américaines fournissent fond de pension, retraite, et santé à leurs employés et anciens employés (il ne doit pas y avoir des masses de retraités Google à ce jour…).
Bref, il ne manque pas grand chose au BigG pour pouvoir se positionner en tant qu’Etat à part une petite île je ne sais où, ou un bout de terrain racheté à un état endetté, pour que Google puisse s’affirmer.
Il aurait ainsi :
- sa monnaie – ou aucune monnaie grâce à Checkout qui ferait la passerelle ;
- sa nationalité ;
- son droit ;
- aucune langue, ou toutes les langues grâce à une traduction instantanée de et vers chacune des langues parlées dans le monde ;
- son hymne composé en collaboratif sur YouTube,
- ses ministres et élus (à moins que l’on soit dans une autocratie) ;
- ses valeurs ;
- ses institutions ;
- …
Et si le modèle économique de GoogleLand était :
Devenez Googlelien, gratuitement, et bénéficiez de tous nos services, en échange de l’ensemble des données de votre vie privée et le droit de les exploiter, afin de vous proposer les meilleures des publicités…
Et si Google vous proposait sa nationalité : devenir Googlelien…
que feriez-vous ?
J’ai le sentiment de plus en plus fort que cette utopie (ou ce cauchemard, c’est selon) n’est pas si loin que cela…
Google acteur quasi-étatique sans doute, Google un jour État virtuel peut-être, mais Google-État, non. Même sur son île privée. Parce que l’île, à supposer que Google l’achète, dépend et dépendra toujours d’un État. Google n’en serait que le propriétaire, au même titre que n’importe qui n’importe où peut être propriétaire d’un champ, d’un bout de jardin ou de 400 hectares de forêt, sans pour autant que cela en fasse un État indépendant.
Par ailleurs, ce qui fait un État, c’est la reconnaissance internationale ; et même si GG achète son île, y amène ses employés, la déclare indépendante en s’arrangeant pour que l’État d’origine ne proteste pas trop, il ferait beau voir que la majorité des autres États reconnaisse ce GoogleLand …
Non, mais par contre, qu’on assiste à l’émergence d’un nouveau type d’acteur international non-étatique, dont Google est le #1 et dont Facebook pourrait être le #2, c’est beaucoup plus envisageable. Pour savoir ce que ce type d’acteur peut devenir et quelle compétition il peut mener vis-à-vis des États, il n’y a guère, comme disent nos amis britanniques, qu’à « Wait and see » …
Excellent article !
ça me fait réfléchir… Qu’est ce qu’un Etat ?
La notion d’Etat est pour nous liée à un pays à une zone territoriale. Certainement par ce que c’est là que les gens vivent.
Mais avec un monde virtuel grandissant, où est ce que les gens vivent ? …. de plus en plus sur internet.
Quelle organisation a le plus d’influence sur internet ?
Certainement google !
La notion d’Etat-nation est un concept du 19ème siècle. Avant on avait des souverains qui ne contrôlaient pas vraiment des territoires morcelés qui s’échangeait rapidement.
L’Etat nation s’est construit surtout autour d’une administration. C’est les fonctionnaires qui ont répandus une culture commune, des moyens de communication communs, une monnaie commune et des habitudes communes. C’est à ce moment que les langues européennes se sont fixées, que de nombreux patois et dialectes ont disparus.
Que fait google ? Il permet de communiquer, de payer et d’avoir des habitudes communes…
Google agit exactement dans le même domaines que les Etats-nations!
Les googlers sont les fonctionnaires de ce nouvel Etat. Ce sont eux qui trouvent les meilleurs moyens d’imposer la culture d’Etat.
La question qui se pose maintenant reste l’autodétermination des peuples.
Ces nouveaux Etats des territoires virtuels sont actuellement des autocraties. A quand une révolution démocratique ?
Ravi que cet article t’ai plu !
J’aime aussi ta réflexion.
Je la complèterai de la manière suivante :
selon moi, les grandes marques web, Google et Facebook en tête ne sont pas si autocratiques que cela.
Chacune a ses valeurs, sa politique, sa stratégie, qui n’est que peu remise en question…
quoi que…
J’en veux pour preuve que Google est extrêmement à l’écoute de ses communautés, et même si certains actes stratégiques, nouveaux outils, services, sont posés depuis « le haut », la communauté participe. Elle peut voter, choisir, orienter, proposer, voire améliorer.
Ainsi donc, les futurs « citoyens » de ces états-marque comme tu l’as bien dit par opposition aux états-nation peuvent influer sur l’Etat. Si ça n’est pas une démocratie, ne serait-ce pas une démocratie participative ? (Ségolène, si tu nous entends !)
J’en veux une deuxième preuve, c’est que les « citoyens » – médias, presse, communautés, utilisateurs – peuvent faire plier une marque.
Prenons Facebook avec ses essais de changement de politique de propriété intellectuelle. Ils ont essayé une fois, deux fois, réessaient régulièrement…
Et à chaque fois, il y a levée de boucliers qui fait reculer la marque, sur un sujet pour le coup loin d’être anecdotique.
Enfin (et surtout), si les Etats sont d’une manière ou d’une autre « côtés en bourse » avec leur capacité à emprunter ou pas (voir nos amis Grecs), les marques le sont aussi. Et les marchés sont aussi une sorte de démocratie… au sens où toute personne ayant de l’argent peut s’exprimer et influer sur la politique de la société…
Bref, si le « modèle démocratique » est encore à revoir/améliorer, il ne me parait pas si éloigné que cela du notre (au sens démocratie des Etats-nation) et s’il parait moins parfait, il me semble dans certains cas complètement plus transparent (au contraire de certaines arcanes de notre démocratie où c’est d’avantage magouille-sexe-rock’n roll qu’autre chose)…
Nous avons la chance que pour un habitant, il est plus facile de quitter un territoire virtuel qu’un territoire bien terrestre.
Ainsi, les Etats-marques sont soumis à une pression. Il ne peuvent pas faire n’importe quoi, sous peine de voir leur population disparaitre.
Ainsi les monarques des Etats-marques sont à l’écoute de la population.
Je pense que l’on est actuellement plus proche de la monarchie éclairée que de la démocratie.
Wikiedia est une démocratie. Google et facebook sont des aristocraties. (le gouvernement par une élite)
Mais bien souvent, la forme de gouvernement la plus efficace est justement une monarchie éclairée. Le problème c’est qu’elle ne dure pas !
Frédéric II de prusse est souvent considéré comme un monarque éclairé. Il était ami avec Voltaire et a appliqué une grande partie des nouvelles idées du siècle des lumières.
La démocratie c’est bien, mais dans les faits on a bien souvent affaire à une aristocratie.
Seul une minorité de gens proposent, un tiers se prononce pour ou contre et le reste suit le mouvement.
J’ai écrit tout un article sur mon blog à propos de la participation. De la sagesse des foules. Est ce qu’un grand nombre d’avis est préférable à un avis éclairé ?
http://martouf.ch/blog/165-sagesse-des-foules.html
Ce qui me parait nécessaire, c’est que dès qu’un service devient fondamental et nécessaire, il devrait être possible de choisir soi-même ce que l’on désir.
Il est toujours mieux d’être propriétaire de son logement plutôt que locataire !
Il est toujours mieux de manger les légumes de son jardin que d’être forcé à manger de la nourriture industrielle que l’on a choisi pour soi…
Mais même avec ces exemples, on voit que l’autodétermination n’est pas vraiment la règle !
Donc en ce sens, un Etat google n’est certainement pas bien différent d’un Etat-nation basé sur un pays.
Très intéressant, et le sujet est tendance :
http://www.pcinpact.com/actu/news/56689-edito-google-geant-recherche-video-cartes-bl.htm
😉