Autant que notre économie, notre langue se porte mal. D’innombrables médecins se penchent à son chevet. Ils établissent des diagnostics et délivrent des ordonnaces. Une atmosph-re d’angoisse et parfois de panique s’installe autour de la malade. Où va notre langue, notre bien commun, notre capital le plus précieux ? Que devient-elle sous les outrages, sous l’indifférence des plus jeunes, sous les importations abusives, sous les emprunts continuels ? Fait-elle encore entendre au loin sa voix affaiblie par les épreuves ? N’est-elle pas étouffée par l’allemand dynamique, par l’espagnol largement répandu, demain par l’arabe et le chinois, dès aujou’d’hui par l’anglais, universel et arrogant ? Madame se meurt. Madame est morte.

Plus un extrait qu’une citation, je trouve ce passage admirable. J’adore !

Il est publié originellement dans Le Figaro, le 14 avril 1983. Repris dans Odeur du temps, déjà cité ici.

Je n’ai pas voulu couper cet extrait pour vous en faire profiter en entier. Le plus intéressant, c’est la suite, mais pour cela, il faut retrouver le vieux Firago, ou acheter le livre ! 😉